mercredi 28 septembre 2011

Le vent des croix

jeudi 22 Septembre
Aujourd'hui, on a été grimper à la pointe de la Saume. Tranquillité, caillou magnifique, cadre d'enfer, équipe de choc... Encore une bonne journée de grimpe bien remplie: tout le monde revient avec une croix dans le sac... des journées comme on en souhaiterait plus souvent!!!
Manu randonne,
Serge règle son chantier,
et Yann enchaine sa toute nouvelle création.

dimanche 18 septembre 2011

L'arête sud des Aiguilles Dorées

vendredi 9 et samedi 10 Septembre
Direction Cham' ou plutôt Saint Gervais où je récupère Jacques et Erik pour aller côté suisse du massif du Mont Blanc. Jacques aime bien la neige et le mixte, Erik est à l'aise en rocher, et la montagne est très très sèche en cette fin de saison.
les Aiguilles Dorées
C'est un véritable casse-tête! Alors pour satisfaire tout le monde, je choisis les Aiguilles Dorées comme terrain de jeu. L'approche est glaciaire, l'ascension bien typée montagne avec quelques longueurs pas faciles pour arriver au sommet et la traversée d'arête qui termine la course est assez longue. Le programme semble satisfaire tout le monde.
sur la terrasse de la Cabane d'Orny
Nous montons donc vendredi matin vers la Cabane d'Orny.
le petit Clocher du Portalet
Nous y grimpons une voie à l'Aiguille de la Cabane, située derrière le refuge.
Erik dans la première longueur,
Jacques dans l'avant dernière.
Puis nous poursuivons jusqu'à la Cabane de Trient.
à l'heure de l'apéro à la Cabane de Trient
Un réveil matinal et nous voilà slalomant entre les crevasses du plateau du Trient. En traversant le col des Plines, on se retrouve versant Saleina, à l'envers des Dorées. En fin de saison, les névés laissent hélas, la place à un chaos de blocs instables. Nous peinons à le franchir mais arrivons finalement au pied de l'arête sud. Sa première partie est facile.
à califourchon, non loin du sommet
Puis nous venons buter sur la seconde moitié de l'arête qui se redresse franchement et nous impose quelques fantaisies. Arrivés au sommet de l'aiguille, nous n'avons ni la place ni le temps de souffler.
traversée bien gazeuse
Nous attaquons la traversée. A nouveau nous multiplions les acrobaties. Je me souviens d'un mouvement de bascule contre le pan opposé d'une large faille particulièrement osé.
Enfin, c'est vers 15h00 que nous foulons à nouveau le plateau glaciaire du Trient.
devant l'Aiguille d'Orny
Vue l'heure avancée, c'est sûr, on rate la dernière descente des remontées mécaniques. C'est donc fort tard et complètement déchenillés que nous arrivons à la voiture.
Cabane d'Orny
Mais bon: quelle belle journée d'alpinisme!

samedi 17 septembre 2011

Un p'tit air de vacances

Allez, la saison est presque finie... Je me remets à grimper à la maison...
Seb au Fournel
J'adore la varappe... et ma princesse!
une belle journée de varappe
Babar dans le Queyras

mercredi 14 septembre 2011

Les 4000 du Mont Rose

Mardi 23 Aout
Ce matin, je me réveille en Suisse, dans ma voiture-camping-car. J'ai passé la nuit à Täsch, terminus de la route qui mène à Zermatt. J'ai rendez-vous avec une équipe de 4: Stéphane, Gauthier, Samuel et Sylvie. Ils sont jeunes, sportifs et motivés...: notre petite aventure devrait bien se passer.
Täsch, Zermatt, Klein Matterhorn..., nous faisons connaissance le temps des remontées mécaniques.
Arrivés sur le glacier, nous nous équipons, chaussons les crampons..., l'aventure peut commencer!

Première étape: le Breithorn. Nous avalons ce premier 4000 sans problème. Mis à part une des jambes de Steph qui s’est fait happer par une crevasse, aucun incident ne s’est glissé dans cette journée.
Le soir, nous passons la nuit au refuge Guide di Val d’Ayas. Le spaghetti-tour commence bien : apéro, anti pasti, pâtes aux artichauts… : ça sent l’Italie !

Mercredi 24 Aout
Aujourd’hui il y a pas mal de vent et il fait froid.
Nous ne sommes pas les seuls. Les cordées se répartissent sur la trace qui mène au Castor.
Un dernier raidillon que l’on franchit en pointes avant défend l’accès à la crête faîtière.
Encore une centaine de mètres sur une arête effilée et nous parvenons au sommet. Une fraction de pause et nous poursuivons l’arête.
Le vent est assez fort et nous avançons prudemment en résistant aux bourrasques.
A midi, nous pouvons nous mettre à l’abri du refuge Quintino Sella.

Mercredi 25 Aout
Le Naso du Lyskamm constitue le crux de la traversée.
C’est une bosse de neige et de glace suspendue au dessus d’une barre rocheuse, qu’il faut traverser ou franchir directement.
Au vu des conditions, nous choisissons de la grimper tout droit. D’abord en pointe avant, puis en marchant normalement lorsque la raideur de la pente diminue.
Une belle arête de neige nous mène au sommet.
Alors que nous entamons la descente, les nuages s’amoncellent : nous errons dans le brouillard. Nous nous offrons tout de même, au passage, l’ascension de la Pyramide Vincent qui se dégage pour notre arrivée. Là haut, l’ambiance est très chouette et cette fenêtre de ciel bleu nous permet de situer le refuge Gnifetti, le refuge de ce soir.

Jeudi 26 Aout
Houlala… ce matin, il fait un temps de merde.
On sort du refuge direction le col du Lys. L’objectif est simple : limiter l’errance sur ces grands glaciers et retrouver un refuge… si possible Margherita. On évolue dans un brouillard à couper au couteau.
Heureusement, les quelques centimètres de neige tombés dans la nuit n’ont pas suffit pour recouvrir la trace. Au col, le vent est plus marqué et les traces s’effacent. A l’aveugle, nous insistons un peu sous la pointe Parrot, histoire de forcer le passage. Rapidement, il s’avère plus raisonnable de faire demi-tour et de rebasculer sur Gnifetti, d’autant que le vent, plus fort de ce côté-là, balaye nos traces fraiches.
Nous poussons la porte du refuge à 9h30. Un truc pour se réchauffer et tout le monde file sous les couettes jusqu’à midi, l’heure des pâtes.
Même programme l’après midi jusqu’à l’heure du dîner. Heureusement qu’à Gnifetti, les couettes sont autant douillettes que les repas sont bons.
Le mauvais temps perdure la journée, la soirée et presque toute la nuit.

Vendredi 27 Aout
Ouf ! Il fait grand beau ce matin et la montagne est recouverte d’une petite couche de neige fraîche. C’est majestueux !
C’est la dernière journée : nous devons rejoindre Zermatt par l’immense Grenzgletscher.
Nous remontons au col du Lys.
Mes 3 gaillards et ma gaillarde avancent bon train et il me semble possible de faire un crochet par la Pointe Zumstein, un des sommets satellites du Mont Rose.

La redescente du Grenzgletscher est vraiment complexe. On évolue dans un labyrinthe de crevasses et de tours de séracs. C’est fantastique !
Une bonne pause à Monte Rosa Hütte et ce n’est qu’en fin d’après midi que nous pouvons profiter des banquettes et des crémaillères du train du Gornergrat…
La boucle est bouclée,  nos plantes de pieds surchauffées, nos épaules mâchées  mais il nous reste de bien belles images dans les yeux : une belle aventure. Bravo à toute l’équipe !

samedi 3 septembre 2011

Adèle Planchard la Grande Ruine

Certes... Adèle Planchard est maintenant fort vieille voire d'un autre siècle, mais je ne connais pas assez bien cette dame pour me permettre tant de familiarité!
Adèle Planchard
Cette bonne Adèle était membre d'un club d'alpinisme dans le Dauphiné (la S.T.D) et à sa mort, elle a légué sa fortune à l'association. Au pied du massif de la Grande Ruine, la S.T.D a construit un petit refuge et lui a donné le nom de la bienfaitrice. Voilà pour l'Histoire...
Mais monter au refuge Adèle Planchard, c'est aussi marcher environ 6 heures...  Six heures c'est long! Très long: il y a le temps de s'en passer des choses...
les sources de la Romanche
C'est vers 11h00 qu'avec Alain nous avons quitté le parking du Pont d'Arsine.
Six heures... Au début, on parle de tout et de rien. Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu alors on se raconte notre vie de ces derniers jours. On démarre du potager de Papi, un tour vers l'Océan et les vacances avec les petits-enfants, l'état de santé de la future Maman, des nouvelles du Valgaud... tout y passe!
le glacier de Tombe Murée
Entre deux répliques, on pense rapidement au sac, à la course du lendemain... j'ai pas oublié du matériel???
Nous montons pour 2 jours au refuge. Nous envisageons 2 courses dans le secteur: l'arête Sud de la Pointe Brevoort et la voie du plan incliné à Roche Méane (appelée aussi voie normale de la Tour Carrée de Roche Méane).
le couloir de Tombe Murée
Six heures... Au bout d'un moment, on passe les pouces derrière les bretelles du sac de manière à les tirer vers l'avant et délester ainsi un peu les épaules. Je regarde les sommets qui m’entourent. "Les Agneaux, le Pic de Chamoissière, Neige Cordier...", "Ah, c'est par là qu'on passe à ski...", "Tiens, voilà le couloir de Tombe Murée au fond..."
reste d'orage en Italie
L'arête S de la Pointe Brevoort est une voie magnifique et variée. Nous quittons le refuge avec le jour qui se lève. Nous réalisons l'approche en terrain glaciaire, exceptées les traversée des cols de Neige et de la Casse Déserte, en éboulis et blocs instables dans lesquels nous patinons allègrement.
un pas de désescalade dans l'arête sud de la Pointe Brevoort
Mais comment fait on pour grimper Tombe Murée...? Six heures... l'heure des plans arrive. La yeux vers les sommets, on part dans les rêveries, on réfléchit à des stratégies. "...A la journée ça fait loin...", "Et, en bivouaquant là, il faut monter récupérer le camp dans les jours qui suivent...", "Descendre le couloir en rappel?".
à la sortie du ressaut raide
En début de matinée, nous sommes au pied de l'arête avec Alain. Le rocher est raide, d'excellente qualité et pourvu de grosses prises. L'escalade est agréable et sûre. Nous progressons tranquillement. Là haut la vue est imprenable. Au cœur du massif, la pointe Brevoort offre un panoramique exceptionnel.
ça se couche mais c'est pas fini
En 6 heures, il y a toujours un moment où l'on se questionne sur soi, sur ce qui nous entoure. Des idées scientifico-socio-psycho-métaphysiques commencent à me traverser l'esprit. Mais n'étant ni Pierre de Fermat, ni Sartre, ni Aristote, je suis incapable d'ébaucher une quelconque théorie. Je me laisse alors aller à la facilité et me projette dans une fiction cérébrale dont je suis le héros...!
à deux pas du sommet de la Pointe Brevoort
La voie normale de la Tour Carrée de Roche Méane est le deuxième objectif envisagé avec Alain. Nous empruntons à Sylvie la gardienne, marteau, pitons et cordelette pour remettre les relais à neuf. Le rocher très compact dans le plan incliné offre une escalade extérieure bien protégée. Nous n'avançons pas super vite car je retape tous les clous et coupe les multiples cordelettes qui encombrent les relais.
Mais notre train de sénateur (comme dit Alain) vient tout de même à bout de cette première partie d'escalade.
le refuge au lever du jour
Pfff! Six heures... j'échafaude maintenant des scénarios improbables dignes des films d'action les plus osés...: excellent grimpeur, ma technique et mes muscles ont raison des parois les plus ardues, mon planté de piolet irréprochable me hisse sur les sommets les plus lointains...
un poil plus tard
Suite au plan incliné, une zone facile au rocher sans cohésion amène notre cordée à la "Brèche Romantique"... En débouchant au lieu dit, je trouve l'endroit terrorisant mais absolument pas romantique. Le rocher sur lequel je m'appuie pour jeter un coup d’œil de l'autre côté est complètement pourri et branlant. J'ai vue sur le versant Nord, vertigineux, sombre et surplombant.
dans les premières longueurs du Plan Incliné
Nous continuons la progression vers le sommet. Une dernière longueur pas facile et peu rassurante nous permet de sortir en crête. Une pause minuscule, et nous attaquons la descente.
escalade au dessus de la Brèche Romantique
Six heures à marcher sur un sentier... un caillou sur lequel je trébuche me fait sortir de mes rêveries de mythomane. Je n'ai finalement rien d'un superman, je viens de manquer de me vautrer par terre! Il est temps de faire une pause. Je lève la tête et découvre enfin le refuge Adèle Planchard... Maintenant c'est l'envie de poser le sac, d'enlever les chaussures et de boire une bonne bière qui me mène! Je ne regarde que le sentier et j'essaye d'augmenter la cadence.
croisé de pied romantique
La descente de Roche Méane s'effectue par le même chemin en rappel et désescalade. Nous remettons de belles cordelettes aux relais puis rejoignons crampons et piolets au pied de la face. Mine de rien, c'est une voie qui prend du temps.
au sommet de Roche Méane
Au terme des six heures, je ne pense plus à rien. Ma tête est vide, seuls mes pieds s'agitent. Les dernières marches... ça y est: on est arrivé! Ouf...,le sac s'expulse de mon dos, les chaussures se délassent toutes seules et le transat me tend les bras. Je m'y affale et peut maintenant contempler les sommets en attendant Alain qui ne va pas tarder à arriver. A droite Roche Méane, en face la Pointe Brevoort, à gauche le Pic Bourcet, Roche d'Alvau, Roche Faurio, le brèche de Tombe Murée... Mais au fait, comment fait on pour grimper Tombe Murée???